The journal Put', or The Way, was one of the major vehicles for philosophical and religious discussion among Russian émigrés in Paris from 1925 until the beginning of World War II. The Russian language journal, edited by Nicholas Berdyaev among others, has been called one of the most erudite in all Russian intellectual history; however, it remained little known in France and the USSR until the early 1990s.
I've been reading Arjakovsky and corresponding with him off-and-on for several years now. I have long been an admirer of his scholarship for its gracefulness, its openness, and its refusal to reduce Orthodoxy to an ideology with which to club those who differ--something I see too much of. Arjakovsky is an admirable figure not only as a scholar, but also for his work as founding director of the Institute of Ecumenical Studies at the Ukrainian Catholic University in Lviv. Those who are aware of post-1991 relations between Russian Orthodox (which is Arjakovsky's tradition) Christians and Ukrainian Catholic Christians will know how remarkable a thing that is. Having left there recently, he currently teaches and works at the Collège des Bernardins in Paris.This is the first sustained study of the Russian émigré theologians and other intellectuals in Paris who were associated with The Way and of their writings in the journal. Although there have been studies of individual members of that group, this book places the entire generation in a broad historical and intellectual context. Antoine Arjakovsky provides assessments of leading religious figures such as Berdyaev, Bulgakov, Florovsky, Nicholas and Vladimir Lossky, Mother Maria Skobtsova, and Afanasiev, and compares and contrasts their philosophical agreements and conflicts in the pages of The Way. He examines their intense commitment to freedom, their often contentious struggles to bring the Christian tradition as experienced in the Eastern Church into conversation with Christians of the West, and their distinctive contributions to Western theology and ecumenism from the perspective of their Russian Orthodox experience. He also traces the influence of these extraordinary intellectuals in present-day Russia, Western Europe, and the United States.
My debts to Antoine are considerable. In fact, one of the very first things I posted on this blog when I started in 2010 was a discussion of his book Church, Culture, and Identity. Then, just over two years ago, I had a long discussion about his book on the much-promised "great and holy council" of Orthodoxy. Now at last we have in English his book The Way: Religious Thinkers of the Russian Emigration in Paris and Their Journal, 1925-1940, which tells a crucial chapter in Russian religious history, and so I was glad to have the chance to interview him about this latest book--which began many years ago as his doctoral dissertation. We conducted the interview in French. Perhaps if time allows over the holidays I might work on a translation.
AD: Parlez-nous de votre parcours.
AA: Le fait que mes grands-parents aient fréquenté de près les grandes
figures de l’Ecole de Paris a déterminé non seulement mon identité franco-russe
et chrétienne orthodoxe mais aussi mon questionnement historique. Ma grand-mère
était l’assistante de Nicolas Berdiaev le directeur des éditions YMCA Press à
Paris, et mon grand-père était un élève du père Serge Boulgakov à l’Institut
saint Serge. J’ai su très jeune que le renouveau philosophique et théologique
de l’Ecole de Paris ne concernait pas uniquement l’Eglise Orthodoxe, il
s’adresse encore aujourd’hui à tous les intellectuels de bonne volonté. En
effet la philosophie personnaliste de Berdiaev n’a pas été entendue en son
temps et le renouveau sophiologique de la théologie dogmatique a subi des
attaques violentes des courants pro-communistes et pro-monarchistes. Ma
découverte que les intellectuels chrétiens orthodoxes mais aussi occidentaux
étaient passé à côté de cet héritage, ainsi que ma propre expérience de la
Russie et de l’Ukraine où j’ai travaillé entre 1989 et 1998 (comme directeur du
Collège universitaire Français de Moscou notamment) et de l’Ukraine entre 1998
et 2011 (comme directeur de l’Institut d’études œcuméniques de Lviv à partir de
2004), m’ont convaincu qu’il fallait présenter de façon compréhensible
aujourd’hui les principales caractéristiques de la génération des penseurs
religieux de l’émigration russe. J’ai donc soutenu à l’Ecole des Hautes Etudes
en Sciences Sociales une thèse de doctorat sur le thème de la revue La Voie (Pout’), principal organe entre 1925 et 1940 de cette Ecole de
Paris. Après avoir publié mon livre en russe et en français je suis heureux que
ma recherche paraisse enfin en anglais grâce à Notre Dame University Press, au
travail éditorial extraordinaire de Michael Plekon et de John Jillions, et de
l’excellente traduction de Jerry Ryan. La préface de Mgr Rowan Williams
représente pour moi un très grand honneur.
AD: Pourquoi avez-vous écrit ce livre?
Il fallait répondre à plusieurs séries de questions. Pourquoi la mémoire
collective a retenu la notion d’Ecole de Paris, alors qu’on trouve tellement de
courants différents en son sein? Qu’est-ce qui les unissait au-delà de
leurs divergences ? Y-a-t-il une solution de continuité entre la tradition
chrétienne orthodoxe et les innovations philosophiques, dogmatiques ou encore
historiques apparues dans l’entre-deux guerres ? Peut-on comprendre la
crise actuelle de la conciliarité orthodoxe à partir des ruptures théologico-politiques
apparues dans l’Eglise russe en 1921 et en 1930 ? Et encore, pourquoi leur
pensée a-t-elle si peu été entendue aujourd’hui par les intellectuels
européens ? Cela fut-il toujours le cas ? En quoi consiste la
rencontre conflictuelle entre la pensée chrétienne orthodoxe et la
modernité ?
AD: Parlez-nous de la méthodologie unique dans votre livre
Pour
tenter de répondre à toutes ces questions il fallait adopter une méthode
historique sérieuse. Ayant suivi le séminaire de Pierre Nora à l’Ecole des Hautes
Etudes en Sciences Sociales j’ai choisi de m’appuyer sur l’approche des
« lieux de mémoire ». Celle-ci consiste à marier le rapport
symbolique qu’entretient la mémoire d’une génération sur elle-même avec son
inscription historique dans le temps déterminée par un cadre très précis, à
savoir en l’occurrence les 61 numéros de la revue La Voie. Cette méthode, associée également à la micro-histoire, m’a
permis de mettre à jour les spécificités de la pensée et de la vie de chaque
auteur de la revue tout en saisissant l’unité dynamique d’une génération
intellectuelle à travers trois grandes périodes : le moment moderniste
entre 1925 et 1930, le moment non-conformiste entre 1930 et 1935, enfin le
moment spirituel entre 1935 et 1940.
AD: Expliquer l'importance de la mémoire dans votre méthode historique.
AD: Expliquer l'importance de la mémoire dans votre méthode historique.
On a tendance à confondre la mémoire et l’histoire. C’est ce sur quoi
insiste Pierre Nora qui fut l’éditeur et l’ami de Michel Foucault. La mémoire
se prend en général pour l’histoire car rares sont ceux qui disposent d’une
vision du passé qui soit à la fois critique et pleinement conciliaire. Mais
l’histoire a tendance de son côté à ignorer les mémoires particulières en
faisant prévaloir systématiquement la causalité conceptuelle sur le chaos des
jours et les récits particuliers. L’avantage de l’historiographie symboliste et
générationnelle c’est qu’elle permet un équilibre entre l’histoire et la
mémoire. Je consacre une bonne partie de mon introduction à enraciner ma
recherche dans la continuité d’une tradition historiographique critique. Mais
je ne suis pas naïf par rapport à elle. C’est la raison pour laquelle je
consacre une bonne partie de ma conclusion et de ma postface à l’édition
anglaise en situant ma recherche à la croisée de plusieurs traditions mémorielles
non objectivées. L’histoire qui s’écrit peut rejoindre l’histoire qui se fait à
cette seule condition de distinguer sans séparer la mémoire sapientielle de
l’histoire logique. J’aime beaucoup la fresque de la chapelle Sixtine qui
montre Dieu le Père créant l’histoire en se tournant vers la figure de la
Sagesse.
AD: Parlez-nous des membres de « l'Ecole de Paris » et de leur importance.
AD: Expliquez brièvement l'importance de la revue Pout’
La revue Pout’, - ce n’est pas
moi qui le dit mais les principaux historiens et slavistes du XXe siècle, de
Marc Raeff à Alexandre Soljénytsine, et de Olivier Clément à Georges Nivat -,
est la principale revue de la pensée russe au XXe siècle mais aussi de la
pensée chrétienne orthodoxe. Elle a bénéficié d’une atmosphère de liberté
unique dans l’histoire de la pensée russe jusqu’en 1989 puisque pour la
première fois depuis la création de l’imprimerie celle-ci a pu s’exprimer sans la
censure tsariste, ecclésiale ou soviétique. Elle a bénéficié aussi de ce fait
extraordinaire de l’émigration russe qui a concentré dans le Quartier Latin à
Paris la plus grande concentration de personnalités aussi exceptionnelles telles
que Léon Chestov, Vladimir Lossky ou le père Nicolas Afanassiev. Mais la revue
a su constituer un réseau mondial avec des intellectuels vivant aux Etats-Unis
(S. Cavert), en Chine (T. Ku), en Allemagne (F. Lieb), et même en URSS (I.
Setnitsky). Certains de ses auteurs sont devenus des saints tels que Ivan
Lagovsky ou mère Marie Skobtsoff. Ses
lecteurs sont devenus également très célèbres comme Jean Meyendorff, Elisabeth
Behr Sigel ou Alexandre Schmemann. Enfin pour la première fois depuis le
concile de Florence cette revue a permis un dialogue en profondeur entre
intellectuels d’Orient, tels que Nicolas Lossky, Vladmir Iljine, Serge
Troubetskoi, Léon Zander, et d’Occident, tels que Jacques Maritain, Léon
Gillet, Paul Tillich ou encore Paul Anderson.
AD: Vous écrivez à
propos de l'engagement œcuménique de l'école de Paris. Certaines églises
orthodoxes ont-elles perdu cet engagement aujourd'hui? Quels sont les spiritualités contradictoires
vous discutez?
L’engagement œcuménique de l’Eglise Orthodoxe, qui a
été affirmé en 1986 à Chambésy à l’occasion de l’une des conférences
pré-conciliaires, trouve son origine dans les débats de la revue La Voie. En effet Serge Boulgakov fut
l’un des membres fondateurs de Foi et Constitution. Georges Florovsky fut l’un
des membres fondateurs du Conseil Œcuménique des Eglises. Léon Zander et
Nicolas Zernov furent membres fondateurs du Fellowship of Saint Alban and Saint
Sergius. Nicolas Berdiaev fut l’un des premiers conférenciers du World Student
Christian Federation et un ami proche de John Mott, président du YMCA. Le père
Nicolas Afanassiev fut le seul auteur non catholique a être cité dans les
documents préparatoires au concile Vatican II. Paul Evdokimov, qui était le
secrétaire de l’Académie de philosophie religieuse fut le premier président en
1953 de Syndesmos, la fédération mondiale de la jeunesse orthodoxe, qui adopta
dès son origine une orientation pro-oecuménique. On pourrait encore allonger la
liste. Je discute dans l’ouvrage que j’ai publié en 2011, En attendant le concile de l’Eglise Orthodoxe (Paris, Cerf) de
l’histoire de cet engagement œcuménique. Je montre en particulier que ce
courant œcuménique au sein de l’Eglise Orthodoxe n’a pas suffisamment pris en
compte depuis 60 ans les quatre courants principaux de la spiritualité
orthodoxe : les zélotes, les prosélytes, les spirituels et les contestataires.
L’avenir du mouvement œcuménique tient pour une bonne part dans la prise de
conscience intra-confessionnelle que le travail d’unité consiste avant tout à
réconcilier les quatre représentations de l’Eglise portées par chacun de ces
types spirituels.
AD: Y a-t-il des successeurs de l'école de Paris aujourd'hui?
Oui bien sûr, surtout si on s’accorde avec ce que j’ai pu expliciter par la
suite dans mon livre Le père Serge
Boulgakov, philosophe et théologien chrétien (Parole et Silence, 2007). Si
se confirme ma thèse que la pensée chrétienne dans son ensemble vit aujourd’hui
un moment de réconciliation entre la foi et la raison, entre son Orient et son
Occident, entre ses trois courants personnaliste, sophiologique et
théocentriste, alors on peut citer certaines personnalités de premier plan qui
émergent aux quatre coins du monde chrétien orthodoxe. Je pense à John Jillions
et à Michael Plekon aux Etats-Unis, à Olga Sédakova en Russie, à Constantin
Sigov en Ukraine, à Petros Vassiliadis et à Eleni Kasselouri en Grèce, au
métropolite Joseph Pop pour la Roumanie, à Bertrand Vergely en France, mais il
y aurait tant d’autres noms à citer…Et surtout tant d’autres noms à ajouter
au-delà des frontières confessionnelles de l’orthodoxie. Je pense à Rowan
Williams ou au pape François, à Peter Galadza ou à Bernard Sesboüé.
AD: Travaillez-vous sur un autre livre maintenant?
Je viens de terminer un livre sur lequel j’ai
travaillé pendant plus de dix ans. Il s’appelle Qu’est-ce que l’orthodoxie ? Il a été publié chez Gallimard
cette année. Ce livre a été traduit en langue anglaise par J. Ryan mais n’a
toujours pas trouvé d’éditeur aux Etats-Unis…...Si mon travail sur la revue La Voie représentait comme le remboursement d’une dette par rapport
à tout ce que j’ai reçu, ce nouveau livre est plus personnel. Il s’agit d’une
redécouverte de la richesse sémantique de la foi-pensée orthodoxe. A partir des
principaux historiens de l’Eglise, des évangélistes à Eusèbe de Césarée, de
Cyrille de Jérusalem à Vassili Bolotov, je montre que « l’ortho-doxie »
de la foi chrétienne est un lieu particulier de la pensée rationnelle, distinct
de l’épistémologie, qui articule quatre pôles majeurs : la louange et la
mémoire, la loi et la justice. Mais ici encore les acteurs historiques n’ont pas
toujours eu conscience de la complémentarité de ces quatre pôles en tension.
C’est la raison pour laquelle l’orthodoxie a été pensée successivement de façon
paradigmatique comme « juste glorification » (entre le Ier et le IVe
siècle), « vérité droite » (entre le IVe et le XVe siècle), et « mémoire
fidèle » (du XVIe siècle à nos jours). Depuis 1945 émerge sous nos yeux le
sens de « la connaissance juste », du « fair knowledge »
qui unit à nouveau de façon indissociable pratiques et savoirs, et qui a toutes
les chances de devenir paradigmatique à l’heure de la globalisation et de la
montée en puissance des dialogues inter-religieux. Il s’agit donc d’une
histoire post-confessionnelle de la foi orthodoxe qui bouleverse bien des idées
reçues et ouvre de nouveaux horizons. A bien des égards cette vision rejoint je
crois le travail que vous réalisez dans la revue Logos et sur votre blog, ce pour quoi je vous félicite !
English translation please!
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